Notre Club, fondé en 1879 sous le nom du Club Nautique de Pointe-Claire, s’adressait à ses débuts principalement aux sports à pagaies, mais rapidement tous les types de bateaux sont venus s’installer à cet emplacement de choix. En 1892, le club Corinthien s’est formé et a apporté ses dériveurs, donnant ainsi une plus grande importance à la voile et à des courses régulières. Au fil des ans, le Yacht Club de Pointe-Claire (YCPC) a continué à développer ses programmes et son école, ajoutant en 1933 sa première catégorie de quillard monotype et en 1996 le programme de voile adapté pour les personnes à mobilité réduite en collaboration avec l’AQVA (Association Québécoise de Voile Adaptée). Fidèle à ses racines, le YCPC est demeuré un club inclusif, accueillant une flotte variée allant du dériveur au bateau à moteur, de la sortie de plaisance à la course. Tous sont les bienvenus, la seule exigence étant une passion pour la navigation.
Explorez ANCHOR WATCH, un bulletin d’information du YCPC retraçant ses origines au début des années 1950. Plongez-vous dans les récits d’événements et d’activités passés, qui vous apporteront certainement un sourire ou deux.
C’est en 1863 que le chemin de fer le Grand Tronc a pris possession de la jetée construite par l’entreprise sous-traitante de Pete, Brassey et Bette de Pointe-Claire au Québec, situé à 24 kilomètres à l’ouest de Montréal. Cette jetée, implantée au pied de la route menant des rives du lac Saint-Louis à la gare du Grand Tronc, était constituée de blocs de calcaires prélevés sur la crête à près d’un kilomètre du lac et s’y étendait sur une longueur de plus de 243 pieds (74 mètres). Son utilité première était de permettre le transport de pierre de la carrière située sur la crête pour la construction des piliers du pont Victoria reliant l’île de Montréal à la rive sud.
Un groupe de navigateurs enthousiastes y ont formé 16 ans plus tard, en 1879, le Club Nautique de Pointe-Claire. Le Club a eu la chance d’obtenir du Grand Tronc un bail pour une partie de leur jetée afin d’y construire des bâtiments et y tenir leurs activités. Il s’agissait d’un excellent emplacement, à l’endroit le plus large du lac et aisément accessible de Montréal. Les évènements qui ont suivi ont donné raison aux fondateurs du Club Nautique de Pointe-Claire pour ce choix.
Dans ses premières années, l’activité principale du Club consistait surtout aux sports à pagaies, même si à certains moments la voile était assez populaire. De plus, les porteurs des couleurs bleues et blanches du Club Nautique de Pointe-Claire sont sortis victorieux lors de nombreuses rencontres de l’Association canadienne de canotage.
Toutefois, après la Première Guerre mondiale, il est devenu clair que la croissance future du Club dépendait de l’appui des différentes embarcations à la voile. C’est ainsi qu’en 1924, le Club Nautique a été remplacé par le Yacht Club de Pointe-Claire. Cette réorganisation a donné un nouveau souffle au Club, malgré certaines difficultés rencontrées, mais surmontées. C’est ainsi qu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le YCPC était l’un des clubs les plus actifs de son district, pouvant se vanter d’avoir une flotte de 89 yachts de toutes sortes, dont 66 voiliers, en plus de dériveurs, et comptant un nombre d’adhésions relativement petit de 134 membres principaux et 173 provenant de toutes les catégories.
Au début de septembre 1939, plusieurs membres du Club se sont joints aux Unités de Service actif, principalement dans la Marine. Parmi eux se trouvait le commodore F. B. Latchmore, le vice-commodore W. G. Rose, le secrétaire C.A.E. White, le président du conseil de navigation Ian Mackay ainsi que George Mathewson du comité exécutif. Pour remplacer ces dirigeants, le Club a eu la chance de compter sur les services d’anciens officiers généraux, à savoir, et dans l’ordre, E. C. Janes, T. H. Bacon, A.S. Poe, A. F. Robertson et J. C. Kenkel.
En 1940, le YCPC faisait face à une situation difficile et les dirigeants ont décidé de poursuivre les activités habituelles du Club en réduisant les programmes où cela s’avérait nécessaire et en économisant le plus possible. Durant les années 1941 et 1942, les adhésions ont diminué tandis que de plus en plus de membres rejoignaient les rangs de l’armée. Toutefois, en 1943 et 1944, plusieurs nouveaux membres se sont joints et les activités nautiques ont connu une hausse. À la fin de la saison de 1943, le Club était libre de toute dette et à la fin de 1944 le YCPC était en excellente position et pouvait faire face à toutes éventualités. Le nombre de membres était passé à 153, duquel 130 étaient des membres principaux, et le tableau d’honneur incluait les noms de 56 membres servant ou ayant servi au sein de la Marine, de l’Armée de terre et des Forces aériennes. La flotte comprenait 73 bateaux de toutes sortes et tailles ainsi que 61 voiliers. Grâce à une liste des membres actifs, un solde bancaire substantiel et des possessions bien entretenues malgré le stress et les épreuves des années de guerre, le Yacht Club de Pointe-Claire pouvait envisager l’avenir avec confiance et être fiers des 20 dernières années de progrès.
Depuis sa création, le Club Nautique de Pointe-Claire et plus tard son successeur, le YCPC, a toujours mis de l’avant l’aspect amateur des sports nautiques et ses membres ont toujours offert beaucoup de temps à leur club. De son côté, le Yacht Club de Pointe-Claire encourage les propriétaires à travailler sur leurs bateaux, leur propose des aires d’entreposage et des installations portuaires à coûts modérés, les incite à démontrer leur fierté à posséder un bateau et à le garder en excellent état. Ces points s’avèrent absolument essentiels pour véritablement goûter au plaisir de ce sport. Le Club incite aussi ses membres à, non seulement, naviguer sur leurs bateaux, mais aussi à les concevoir. C’est ainsi que le Yacht Club de Pointe-Claire compte parmi ces membres un grand nombre de plaisanciers passionnés dont plusieurs ont conçu leurs propres bateaux ou les ont remodelés selon des idées personnelles.
Comme le lac Saint-Louis n’a pas la chance d’avoir les eaux profondes et les grands espaces de belles zones de navigations comme le lac Ontario, la majorité des bateaux conçus sur notre lac dans les années 1930 et 1940 étaient des dériveurs à faible tirant d’eau. Un grand nombre d’embarcations à lourds tonnages, de sloops à quille, de yawls et de goélettes se sont joints à la flotte du YCPC au fil des ans. Il s’agit d’embarcations assez robustes, en état de naviguer avec un tirant d’eau maximal ne dépassant guère 4 pieds (1,2 m). Fait étonnant, cette catégorie d’embarcations, constituée de ces bateaux, a fourni de très bonnes courses en utilisant un handicap de performance passé. Les autres catégories sont composées de la catégorie D comportant des sloops à dérives et des yawls de 32 à 35 pieds (entre 9,7 et 10,6 m) avec d’assez grandes cabines pour un équipage de quatre personnes, de la catégorie E pour yachts comportant des sloops de 27 pieds (8,2 m), la plupart équipé de bouchains et quelques uns plus âgés avec des dérives. L’une des meilleures embarcations de course que le YCPC ait jamais connues est probablement le monotype PC, un sloop de 19 pieds (5,8 m) gréé en Marconi conçu par C.D. Mower et construit par Morris Boat Works.
Durant la saison 1933, un changement majeur s’est produit et la formation d’une catégorie de petits sloops a vu le jour. Cette catégorie comportait quatre bateaux qui coursaient régulièrement. Deux d’entre eux étaient des embarcations de 21 pieds (6,4 m) d’une classe appelée Hobo et qui avait été très populaire au début des années 1900. Ces deux bateaux avaient été reconstruits et gréés à neuf. E.J. Winters possédait et naviguait le premier, le TAEPING, avec un plan de voilure Marconi élevé, et V.A. Linell possédait le second, le PETREL, gréé de voile à corne Gunter. Les deux autres embarcations étaient des conceptions Mower de 19 pieds (5,8 m). Après avoir étudié l’une de ces embarcations construites en 1926, RENE appartenant à H.G. Young et H. Godber, plusieurs ont été convaincus que sa conception correspondait bien aux exigences du Yacht Club de Pointe-Claire. À l’été 1933, un deuxième bateau de 19 pieds (5,8 m), GRAYLING, a été commandé par M. Gray Miller, il s’agissait d’une reproduction de RENE, mis à part que sa constitution avait été renforcée et ses gréements et équipements revus. L’apparence et la performance de ce nouveau bateau ont suscité un grand intérêt lors de sa première saison de course. Durant cet été, un comité composé de T. H. Bacon, V.A. Linnell et du président A.S. Poe, ont rédigés des règles, des spécifications et des plans pour la nouvelle catégorie proposée. À l’automne 1933, la catégorie PC a été officiellement établie et trois nouvelles embarcations ont été commandées à Morris Boat Works à Hamilton avec des voiles de Cranfield and Carter du Royaume-Uni. Cette catégorie était strictement réservée au monotype. Tous les propriétaires ont accepté les règles et il a été décidé que tous les changements devaient être approuvés à l’unanimité.
Le temps a su démontrer la clairvoyance du Comité de 1932 puisque les règles de la catégorie PC ont très peu changé au cours des années. À la fin des années 1950, la catégorie possédait 17 bateaux supplémentaires et a offert des courses des plus enlevantes.
En 1934, les bateaux de cette catégorie comportaient un équipage de trois personnes et étaient construits avec un arrondi de bouchain, un tableau arrière carré, un gouvernail extérieur et une dérive centrale. La partie centrale possédait une légère varangue et un bouchain rigide offrant une grande stabilité. La proue était plus affinée que pour les bateaux de la catégorie E, ce qui en faisait un bateau très agréable. Grâce à une largeur de 6 pieds et 6 pouces (2 m) et ses larges cockpits ouverts, ils se révèlent des voiliers de jour confortables en plus d’offrir la possibilité de faire des croisières limitées en utilisant une bâche sur la bôme. Leurs résultats de courses démontrent la perspicacité que le Club a eue à s’en être tenu à une conception monotype. En 1946, cette catégorie comportait 10 bateaux et quiconque pouvait avoir la chance de gagner grâce à un bon maniement et des ajustements adéquats. La catégorie PC avait un bateau avec un gréement Marconi modéré, une grande voile faisant 165 pieds carrés (50,2 m2), un palan de 24 pieds (7,3 m) et un foc de 39 pieds carrés (11,90 m2), offrant une superficie totale de 204 pieds carrés (62 m2). Une association a été formée en 1945-46 pour aider au financement de l’achat de ces bateaux afin d’agrandir la flotte. L’association, dirigée par M. Walter M. Stewart, vendait alors un bateau selon des versements à tout membre proposé par le Comité.
Sur une note historique, le Yacht Club de Pointe-Claire, ses dirigeants et ses membres, ont une profonde gratitude envers M. Walter M. Stewart et son épouse, dont l’intérêt continu et la grande générosité, outre financière, ont rendu possible plusieurs améliorations ayant grandement contribué aux installations et aux conforts des membres depuis 1925. On croit que les fils de M. Stewart, qui faisait de la voile un jour vers 1925-26, ont eu la vie sauve grâce à des membres du Club Nautique de Pointe-Claire qui les ont secourus.
Même si le Yacht Club de Pointe-Claire n’est pas grand et que son pavillon et ses installations sont loin d’être élaborés, ils répondent tout de même bien aux besoins tout en préservant les principes fondamentaux sur lesquels le Club s’est épanoui, c’est-à-dire d’offrir à ses membres des installations décentes, ainsi qu’un espace portuaire pour leurs bateaux durant l’été et un espace d’entreposage durant l’hiver, tout cela à un coût modéré.
Un bref survol de l’intéressante histoire du YCPC et de son prédécesseur.
Les membres fondateurs originaux
Lors de sa fondation en 1879, le Club Nautique de Pointe-Claire ne comportait que 37 membres. Le pavillon à charpentes sur des poteaux de bois, conçu et construit par les membres eux-mêmes, a été érigé à peu de frais. Il apparaît évident qu’ils ont alors fait du bon travail puisque la structure originale est toujours en place et comprend aujourd’hui le salon, la cuisine et la grande salle du club actuel.
Datant de 1879, le YCPC est l’un des plus anciens clubs nautiques d’Amérique de Nord. Des recherches suggèrent que nous possédons le pavillon le plus ancien encore dans sa forme d’origine, sur son site d’origine et toujours utilisé selon ses besoins d’origines. Voilà tout un exploit si l’on considère que notre pavillon est composé d’une structure en bois tandis que les 64 autres pavillons plus vieux ont été détruits par des incendies, des inondations, des ouragans ou volontairement.
Le premier président et l’homme à l’origine de la formation du YCPC était le capitaine H. Harriman. Parmi les premiers membres se trouvait:
Lors de sa première année, les activités du Club se sont plus ou moins limitées à sa formation et à la construction du pavillon. À la fin de l’année, un solde de 0,26 sous a été reporté et en 1880 le YCPC était pleinement opérationnel. Au cours de cette année, des régates avec des embarcations à pagaies et d’autres voiliers se sont déroulées, de nombreuses activités sociales ont eu lieu et plusieurs bateaux ont été entreposés sur la propriété du Club. L’un des trophées, une pagaie en bois, est d’ailleurs toujours en notre possession. Il n’y a pas beaucoup d’information concernant les activités durant cette période, mais en 1881 un agrandissement au bâtiment a été effectué et en 1882 la régate de voiliers a attiré huit yachts et plusieurs bateaux plus petits, principalement des skiffs et des canots. Les adhésions ont augmenté de manière continue et les revenus sont passés de 170 $ en 1879 à 860 $ en 1885. Pendant l’année1888, il devait y avoir un intérêt considérable pour l’aviron puisque la Club a fait l’acquisition d’un skiff.
Le 7 avril 1888, le Yacht-Club Royal Saint-Laurent a été fondé, offrant au lac Saint-Louis sa première véritable organisation de navigation. Ce club a obtenu sa charte royale en 1894 et est réputé depuis pour la qualité de ces navigateurs. Au cours de leur première saison, ce Club a accepté l’hospitalité du Club Nautique de Baie de Valois et y a tenu ses compétitions. La deuxième année, soit en 1889, le Club Nautique de Pointe-Claire a ouvert ses installations et son pavillon à leurs membres.
En 1892, un important développement s’est produit, mettant de l’avant la voile au Yacht Club de Pointe-Claire. À cette époque, le Yacht-Club Royal Saint-Laurent voyait essentiellement aux besoins des plus gros yachts et la plupart des embarcations sur le lac appartenaient à ce club. Toutefois, au même moment, se trouvait un groupe très enthousiaste de navigateurs de petits bateaux attaché au YCPC et qui formait le Club Nautique Corinthien. Ce club a contribué à influencer le YCPC dans la construction d’installations appropriées pour le nouveau club nautique.
Les premiers dirigeants du Club Nautique Corinthien étaient:
Commodore hon. Robt. Meredith | Contre-Commodore C.E. Archibald |
Commodore W.J. White | Secrétaire Hon. E.L. Chadwick |
Vice-Commodore J.E. Ewing | Trésurier D.C.E. Miller |
Même s’il y avait quelques plus gros bateaux dans la flotte du nouveau club, la plupart étaient des voiliers pontés appelés les bateaux « Sauvé », leur constructeur étant M. Sauvé à Brockville, ainsi que des canots à voiles aussi pontés et ouverts.
Les bateaux Sauvé étaient longs et étroits, gréés en double-enders comme des lougres avec une voile en forme d’aile de chauve-souris. Puisqu’ils étaient lourdement toilés, ils ne restaient pas à l’endroit sans qu’un membre de l’équipage soit à bord. Ils étaient naturellement très rapides, mais très difficiles à naviguer.
Les bateaux plus grands transportaient un équipage de quatre personnes, les plus petits étaient manœuvrés par deux personnes. Les cordes d’escalade et les sangles de rappel faisaient partie de l’équipement habituel de chaque membre de l’équipage.
Il y avait plusieurs canots à voile pontés avec des dérives centrales, des sièges à coulisse et des voiles en forme d’aile de chauve-souris, dont le QUEEN MAB de Charles E. Archibald. Pendant plusieurs années, il a été champion d’Amérique du Nord ; sur 200 départs, il est arrivé 195 fois en tête.
Les canots ouverts avaient aussi leurs adeptes. L’un des bateaux les plus réputés était le SEILA de W.E. Bolton, conçu par M. Archibald. Il était équipé d’un siège à coulisse, d’ailerons antidérives et comportait 140 pieds carrés de voile (42,6 m2), soit la même surface qu’un dériveur de 14 pieds (4,2 m) d’aujourd’hui.
En 1894, le Club Nautique Corinthien était très actif et comprenait 72 membres. Sa flotte comptait 47 bateaux, soit 7 sloops, 3 lougres, 1 cotre, 2 yawls, 7 catboats, 2 yachts à vapeur, 17 skiffs et 8 canots. Le plus grand bateau était le VIKING de L.J. Smith, un cotre de 41 pieds (12,5 m) conçu par G.H. Duggan.
Entre 1889 et 1896, le Yacht-Club Royal Saint-Laurent a développé avec succès une très belle catégorie de sloops de 18 pieds (5,5 m) de longueur corrigée, également créé par G.H. Duggan. En 1889, M. Duggan a ouvert la voie en faisant la démonstration qu’en arrondissant les lignes avant qui coupe automatiquement le brion, il pourrait gagner plusieurs pieds de ligne de flottaison. En 1890, il a conçu un bateau de 18 pieds (5,5 m) qui, tout en ayant la même longueur corrigée que les anciens bateaux, était beaucoup plus long avec 50 % de pont en plus. Cela signifiait plus de force pour porter la voile et, ce qui était un changement plus important, la création d’une coque glissant sur l’eau plutôt que la fendre. Après que ce concept a été instauré lors de courses, il a été critiqué par le public et baptisé le « Bug ». Plus tard, c’est sur ce bateau, admiré et honoré, connu sous le nom de « La Gloria », que s’est déroulée la fameuse série de courses pour la Coupe Seawanhaka à Oyster Bay, dans la Long Island Sound, en 1886, à la suite de laquelle le célèbre trophée est venu au Canada où il est resté pendant près de dix ans.
Ces bateaux de 18 pieds (5,5 m) ont scellé le destin des bateaux Sauvé et des canots à voile. Ils étaient rapides et plutôt secs et ne nécessitaient pas d’acrobaties pour les maintenir à l’endroit. En outre, ils offraient de si belles courses que le Club Nautique Corinthien s’est progressivement éteint naturellement et que ses locaux sont devenus un hangar pour entreposer des dériveurs, des canots, etc. Il est intéressant de noter que le « hangar à canots », comme on appelait l’ancien bâtiment du C.S.C., n’a été démoli qu’en 1933 pour faire place à un nouveau bâtiment beaucoup plus grand destiné à l’entreposage et à d’autres utilisations générales. L’existence du Club Nautique Corintien a été brève, mais il a permis au Yacht Club de Pointe-Claire de goûter pour la première fois à ce qui allait devenir son activité la plus importante : la voile et les courses de petits bateaux.
En 1895, la régate annuelle du Yacht Club de Pointe-Claire devait valoir la peine d’être vue. Des courses de sloops, de catboats, de skiffs à voile, de canots pontés et de canots ouverts ont eu lieu. Le nombre total d’inscriptions était de 29, tandis que 7 épreuves de pagaie et 4 d’aviron étaient organisées.
La période entre 1896 et 1905 a été témoin d’une grande croissance de la voile sur le lac Saint-Louis. C’est à cette époque que la Coupe Seawanhaka a été organisée par le Yacht-Club Royal Saint-Laurent et que ce sport a obtenu un vif intérêt. Après la perte de la coupe en 1905, la voile est restée dans le marasme pendant un certain temps et aucune information précise n’est disponible sur les activités du Club Nautique de Pointe-Claire jusqu’aux années précédant immédiatement la Seconde Guerre mondiale. À ce moment, la voile a lentement repris une part importante des activités du club.
En 1911, le calendrier du Club indiquait des régates de pagaie du club et ouvertes, ainsi que trois courses du club de voile et des régates ouvertes de voile.
L’année suivante, le même programme a été mis en œuvre. Un conseil de navigation composé de J. M. Morris, W. I. Ives et G. R. Taylor s’occupait des activités de voile et de course, lesquelles prenaient de plus en plus de place dans le programme du Club.
L’année 1913 a été décisive pour le Club Nautique de Pointe-Claire. Après de nombreuses candidatures infructueuses, la régate de la division Est de l’Association canadienne de canotage a été attribuée à Pointe-Claire, ce qui mit de l’avant les sports de pagaies du Club. De plus, l’intérêt pour la voile était assez élevé, puisque plusieurs des anciens quatre-mâts, des sloops à cabine de 32 pieds (9,7 m), appartenaient alors à des membres de Pointe-Claire. Cette année-là, deux coupes ont été présentées pour la compétition annuelle : la Coupe Mitchell pour les dériveurs et la Coupe Challenge de Pointe-Claire pour les yachts de catégories diverses. Le premier trophée n’est plus décerné, mais la Coupe Challenge de Pointe-Claire a fait l’objet de courses régulières (à l’exception des années de guerre) et est aujourd’hui l’un des trophées les plus convoités du YCPC et est offert lors de courses annuelles au sein de la flotte.
Il est intéressant de noter que le premier gagnant de la Coupe Pointe-Claire Challenge, en 1913, était WA WA, un sloop de catégorie D de type quatre-mâts, appartenant à Frank Mills et Walter Ives. Après une longue et fructueuse carrière à Pointe-Claire, WA WA a été vendu à un membre du Britannia Boating Club d’Ottawa, où, encore en excellente condition en 1943, il a remporté le championnat du Club cette année-là.
En 1914, les gagnants de la Coupe Challenge de Pointe-Claire étaient G.R. Grieve à bord d’HABITANT et A.S. Poe à bord de GUDRUN. George Grieve a donné sa vie au service de son pays lors de la Première Guerre mondiale et le nom de son bateau, HABITANT, ne réapparaît plus sur la liste des gagnants de trophées du YCPC. En ce qui concerne le GUDRUN, c’était le début de ce qui deviendrait l’une des carrières la plus longue et réussie de tous les yachts ayant porté les couleurs bleues et blanches du Club Nautique de Pointe-Claire et du Yacht Club de Pointe-Claire. Le GUDRUN, un sloop de catégorie D rapide et fiable a appartenu à Alex S. Poe, John A. Currie, Ed C. James et J. D. Ralph qui l’ont aussi navigué à différent moment de son activité. Ce bateau était le fleuron du YCPC quand il appartenait à Ed Janes et a été vendu à une personne à l’extérieur du Club en 1943.
À l’automne 1913, une assemblée générale a été prévue pour discuter d’une éventuelle réorganisation du Club, en particulier d’un projet de construction pour un nouveau pavillon. Cependant, lorsque les offres pour le bâtiment proposé ont été reçues, elles étaient trop élevées pour être réalisables, et le sujet a été reporté pour un examen plus approfondi ultérieurement. La question de l’installation d’un chemin de fer maritime a été débattue, ce qui s’avérait nécessaire pour traiter correctement le nombre croissant de bateaux qui désiraient être entreposés durant l’hiver.
L’année 1914 a été marquée par une activité de voile plus intense que jamais à Pointe-Claire. Avec W.S. Clouston, un navigateur enthousiaste, comme président, de nouveaux trophées à gagner et des plans pour le prochain pavillon, l’intérêt pour le YCPC était à son comble. Plusieurs courses pour la Coupe Challenge de Pointe-Claire ont été courues, tandis qu’une série de trois courses enlevantes pour obtenir la coupe présentée par le président a été le point culminant du programme de la saison. Cette coupe a été remportée par Dr G. H. Parke à bord de GERALDINE.
Au cours de cet été, le nouveau chemin de fer maritime a été construit, entrant dans le pavillon par son extrémité sud, le seul endroit où l’eau était suffisamment profonde pour cet usage. Les plans du pavillon et le financement pour sa construction ont été étudiés en détail et il a été statué de demander une nouvelle charte pour le Club. Puis la guerre est arrivée et le 28 août, il a été décidé qu’il était préférable d’abandonner le projet pour le nouveau bâtiment et de rendre l’argent déjà consentit.
Au début de 1915, le Club Nautique de Pointe-Claire a rompu ses liens avec l’Association canadienne de canotage et, avec son retrait de cet organisme, le Club a définitivement cessé ses activités de sports de pagaie, comme l’ont prouvé les événements ultérieurs. Un programme réduit de voile a été mis en place, ainsi que deux régates de pagaie, mais le départ pour le front de plusieurs des membres actifs a naturellement restreint considérablement le calendrier.
En 1916, il a été jugé nécessaire de ne pas organiser de courses de voiliers, en raison de la pénurie de bateaux de course et d’équipages, donc les principales activités du club étaient des événements sociaux organisés dans le but de collecter des fonds à des fins patriotiques. Un fait intéressant se trouve dans une note du procès-verbal d’une réunion du comité exécutif tenue le 19 mai 1916, indiquant : « En raison de la crue du lac Saint-Louis, le pavillon n’étant accessible que par bateau, le trésorier (M. Arthur Harries) a invité le comité à se réunir chez lui. »
Les années 1917 et 1918 se sont avérées difficiles, notamment la deuxième. À l’ouverture de la saison 1919, il était évident que certaines mesures devaient être rapidement prises si le Club voulait retrouver son ancienne position sur le lac. Avec le retour d’outre-mer de plusieurs de ses membres et l’augmentation du nombre de bateaux, le Club était en bonne voie pour sa relance. La question de la construction d’un nouveau pavillon a encore été abordée tandis que des réparations plus que nécessaires sur les édifices existants ont été entreprises. Des régates de voiles et de pagaies ont été tenues, chacune remportant une participation considérable. De plus, des négociations avec le Grand Tronc ont été engagées concernant un bail à long terme de la propriété ou éventuellement de son achat.
Le 5 juillet 1920, le comité exécutif a appris que le Grand Tronc avait accepté l’offre du Club concernant l’ensemble de la propriété située du côté sud du chemin du Bord-du-Lac. Plusieurs membres du Club ont avancé l’argent nécessaire afin de conclure la transaction, de nouveaux plans pour le pavillon ont été entrepris et une demande a été envoyée au gouvernement du Québec pour une nouvelle charte pour le YCPC. Avec un capital autorisé de 10 000 $ composé d’action de 100 $ par valeur. Les cinq membres qui apparaissaient comme demandeurs sur la charte étaient Robert Meredith, O. Shenton, major C.W. Meakins, F.W. Mills et S.H. Ward Sr.
En novembre 1920, le transfert de la propriété du Grand Tronc au Club Nautique de Pointe-Claire a été complété et les travaux de réorganisation proposés se sont poursuivis. Le doute quant au titre de propriété du Club a retardé, dans une certaine mesure, les travaux puisque la ville de Pointe-Claire et le Club avait une différence d’opinions sur ce point.
L’intérêt pour la voile ne cessait de croître et, en 1921, la régate annuelle du Club a vu en action une grande flotte de yachts, des catégories B, des quatre-mâts, des dériveurs ainsi que d’autres de catégories différentes.
À l’automne de cette année-là, il a été décidé de fermer le quai au public, les avocats du Club ayant rendu un jugement favorable concernant la légitimité possible du titre. Pendant plusieurs années, le quai avait été utilisé par les citoyens de Pointe-Claire comme lieu de baignade ainsi que pour transporter du sable en barge. Le conseil municipal a contesté le droit du Club de restreindre la propriété au citoyen. En 1922, une demande de droits d’eau profonde a été adressée à la province, mais a été refusée. Le différend avec la ville a alors pris des proportions considérables.
En 1923, les activités de voile du Club sont nettement en augmentation puisque trois régates ont été organisées et les dériveurs étaient particulièrement actifs. À cette époque, des dériveurs de 14 pieds (4,2 m) construits par Aykroyd étaient très populaires sur le lac Saint-Louis. À l’automne 1923, la situation concernant la propriété était devenue critique, le Club avait subi une perte au cours de sa saison d’exploitation et rien ne pouvait être fait pour la réorganisation tant que les droits d’eau profonde n’étaient pas obtenus et qu’un accord avec la ville n’était pas conclu.
Le 14 mars 1924, le Club autorise une offre à la ville de Pointe-Claire pour vendre le lot 90, soit le quai, et une part du lot 103, un segment de la propriété dont le Club n’avait pas utilité, pour une somme équivalente aux dépenses du Club à ce jour, c’est-à-dire 800 $. Les conditions étaient les suivantes : la ville devait ériger une clôture autour de la propriété, permettre au Club de poser une canalisation d’eau de surface pour la relier à la borne d’incendie la plus proche de la ville, d’accepter sans condition la demande du Club concernant les droits sur les eaux profondes, maintenir comme voie publique le terrain qu’il acquerrait, protéger les arbres, fournir un éclairage et payer tous les frais notariés. L’année 1924 a s’est avérée une année importante dans l’histoire du Club, car elle a vu un accord se conclure avec la ville par lequel le Club lui vendait une partie considérable de sa propriété. À la suite de cette vente, un nouveau plan pour le développement du Club devait être élaboré, car il n’y avait plus suffisamment d’espace pour le pavillon prévu.
Lors d’une assemblée générale spéciale tenue le 9 juin 1924, la vente de la propriété a été autorisée et la décision de mettre un terme à la charte du 14 juin 1921 pour demander une nouvelle charte sous le nom de Yacht Club de Pointe-Claire. Il a également été décidé de rembourser les membres dont la générosité avait permis l’achat de la propriété, à savoir W.M. Whitaker, H.E. Vautelet, F.W. Mills, A. F. Robertson, surnommé Skipper, G. Shenton, S.H. Ward, Jr. et la succession du regretté major C. W. Meakins.
Le Yacht Club de Pointe-Claire a été constitué en vertu d’une charte de club seulement, sans capital autorisé, afin d’éviter la possibilité qu’une clique obtienne le contrôle des actions ordinaires et prenne ainsi la direction du Club aux dépens des membres. Toute la question de la réorganisation du Club, y compris la nouvelle charte, a été très soigneusement étudiée et le travail effectué dans cette phase du développement du Club a certainement donné d’excellents résultats.
À 22 h, le 11 juillet 1924, le Club Nautique de Pointe-Claire a cessé d’exister et l’actuel Yacht Club de Pointe-Claire a vu le jour.
Les fondateurs étaient :
The officiers d’origine:
Le reste de la saison 1924 a été consacré à la formulation d’une politique de développement, à la réalisation de réparations mineures indispensables, à la prise en charge des innombrables détails rendus nécessaires par le transfert à la ville de Pointe-Claire d’une partie importante de la propriété acquise précédemment par le Club auprès de la compagnie ferroviaire du Grand Tronc.
Il convient de mentionner ici le soutien apporté par M. J. L. Vital Mallette, un bon ami du YCPC. M. Mallette, alors membre du conseil municipal, puis maire de Pointe-Claire et député, a offert une aide considérable lors des négociations avec la ville et dans les arrangements qui ont conduit à l’accord final entre la ville et le Club.
Le 31 octobre 1924, l’acte de vente a été conclu, réglant ainsi à l’amiable une source de friction de longue date. Il s’agissait là d’un prélude indispensable au développement futur.
La saison de voile 1924 a été très active. Dans les courses de dériveurs interclubs, les équipages du YCPC ont de nouveau connu du succès. Cette année-là, trois courses ont été disputées à Hudson et trois à Pointe-Claire, avec des équipages du Yacht-Club Royal Saint-Laurent, du Club Nautique d’Hudson et du Yacht Club de Pointe-Claire.
Le Trophée Dinghy Shield présenté cette année-là par le commodore A. F. Robertson a été gagné par A.P.H. Shearwood, tandis que la Coupe Challenge de Pointe-Claire, décernée pour la première fois aux vainqueurs d’une série de courses et représentant le championnat du Club, a été remportée par Mlle Grace Shearwood à bord de FLOUNDER, par Dr G. H. Parke à bord de GERALDINE (en deuxième place) et par A.S. Poe à bord de GUDRUN (en troisième place).